• Support pédagogique
  • Cultures associées
  • Projet INTERCROPVALUES

Comment concevoir des politiques favorables aux cultures associées ?

Les cultures associées sont au cœur du projet européen Intercropvalues. Malgré les bénéfices pour la biodiversité, la résilience et l’autonomie protéique, leur développement reste freiné par de nombreux verrous que la note d’orientation détaille et cherche à lever.

Voici les leçons issues du projet Intercropvalues et tirées de l’analyse des obstacles aux cultures associées en Europe, présentées dans une première note d’orientation.

Depuis la révolution verte, l’agriculture européenne s’est profondément transformée. La spécialisation des cultures, largement soutenue par l’usage d’engrais de synthèse, de pesticides et de mécanisation, a permis de fortes hausses de rendement. Mais elle a aussi entraîné des effets négatifs désormais bien connus : perte de biodiversité, fragilisation des sols, pollution des eaux, appauvrissement nutritionnel des productions et vulnérabilité économique des exploitations. Face à ces constats, l’Union européenne a fixé dans sa stratégie « De la ferme à la table » des objectifs clairs : produire plus durablement, préserver l’environnement et renforcer l’autonomie protéique de l’Europe.

Dans ce contexte, les cultures associées – la culture simultanée de plusieurs espèces sur une même parcelle – apparaît comme une pratique agroécologique prometteuse. Elle permet de diversifier les systèmes de production, de réduire l’usage d’intrants, d’améliorer la résilience face aux aléas climatiques et de stimuler la production de protéines végétales, souvent à travers des associations céréales – légumineuses. Pourtant, cette pratique, autrefois courante, a quasiment disparu des paysages agricoles européens.

Le projet européen Intercropvalues a mené une vaste analyse sur 13 cas d’études répartis dans différents pays. Résultat : près de deux cents obstacles ont été recensés sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Les freins ne se limitent pas au champ, mais concernent aussi la collecte, la transformation, la distribution et même la consommation. Les agriculteurs doivent composer avec des contraintes externes fortes, comme les normes de pureté imposées par les collecteurs ou la frilosité de l’aval à accepter des lots issus de cultures associées. Le manque de connaissances et de références techniques est également un verrou majeur : il touche autant les pratiques de production que le tri, le stockage et la valorisation commerciale. Enfin, ces barrières s’entrecroisent et se renforcent les unes les autres, créant un véritable système de blocages.

Pour les animateurs et animatrices de Cuma, ce travail souligne l’importance de considérer les cultures associées non pas comme une simple technique culturale, mais comme un levier de filière qui nécessite coordination, innovation collective et accompagnement sur la durée. Les équipements partagés, la formation des adhérents et la structuration des débouchés sont autant de pistes sur lesquelles les Cuma peuvent jouer un rôle clé.

En filigrane, le message est clair : les cultures associées ne se développeront pas sans une mobilisation de toute la chaîne alimentaire. Les verrous sont nombreux, mais les bénéfices – agronomiques, environnementaux et économiques – sont à la hauteur des efforts.

Pour approfondir cette analyse et accéder aux détails des recommandations, la note d’orientation #1 est disponible en anglais.