Une presse à poste fixe pour la Cuma Agricompost

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Une dynamique collective autour du fourrage : la CUMA Agricompost met en route sa presse poste fixe

Face aux enjeux de conservation du fourrage, la CUMA Agricompost, qui rayonne dans l’ensemble du département, a misé sur une presse à foin industrielle mobile. Cette machine permet de presser le foin en garantissant un gain de temps et une qualité de conservation optimale. Focus sur cette nouvelle pratique dans ce département.

Un projet né en Vallée d’Aspe

Le projet démarre fin 2023, lorsque Jean-Louis Miramon, éleveur à Bedous et adhérent de la CUMA Agricompost, lance l’idée de créer un groupe autour d’une presse à poste fixe mobile. Rapidement, plusieurs agriculteurs le rejoignent, tous confrontés aux mêmes difficultés : récoltes hétérogènes selon les années, séchoirs sous-dimensionnés et le souhait de préserver la qualité du fourrage en vrac. L’objectif est clair : investir collectivement dans une machine capable de conditionner le foin en vrac stocké dans les séchoirs en grange.


Une première visite à la CUMA Elgarrekin, à Mendionde, met en évidence tout l’intérêt de ce matériel déjà utilisé ailleurs. Puis, l’exemple de la CUMA des Foumerous, en Aveyron, finit de convaincre le groupe. Une presse peut circuler de ferme en ferme et sécuriser la qualité du fourrage !

Un travail collectif pour évaluer les besoins

En début d’année 2024, une réunion rassemble à Saint-Palais des éleveurs équipés de séchoirs en grange, soit quasiment tous les séchoirs du département. Le département en compte à ce jour 56. Plus d’un séchoir sur deux se montre intéressé et une trentaine d’agriculteurs s’engagent. Ce qui représentant environ 850 tonnes de fourrage annuels d’engagement.

Presse à poste fixe

Pour sécuriser le projet, chaque participant signe un bulletin d’engagement et chaque adhèrent versera une part fixe annuelle (400 à 700 € selon le tonnage engagé), que la machine tourne ou pas. En effet, le niveau d’activité fluctue beaucoup d’année en année selon la récolte de fourrages. Cette part fixe a pour fin de couvrir les charges fixes de la CUMA. Cette garantie financière permet de lancer l’investissement, supérieur à 150 000 €. De plus, la CUMA a pu compter sur une aide du PCAE CUMA à hauteur de 40% de l’investissement total.

Une mise en route réussie à Garindein

Le 10 juillet 2025, la presse est officiellement inaugurée chez Bastien Christy, à Garindein. Les 27 adhérents de la CUMA Agricompost voient aboutir plus d’un an de travail collectif et d’échanges. Dans une optique de maintenir la qualité du fourrage, le groupe a opté pour un matériel atypique : une presse industrielle initialement conçue pour presser des cartons, des bouteilles en plastique ou des canettes. La principale adaptation consiste en l’ajout d’un entonnoir facilitant le chargement. Le groupe s’est inspiré de ce qui existait déjà dans le réseau CUMA (CUMA des Foumerous, en Aveyron et la CUMA Elgarrekin au Pays baque).


La machine fournie par Sacria (presse) et Metalagri (châssis), pèse 10 tonnes et fonctionne avec un moteur électrique de 18kW. Installée sur un châssis pose à terre attelé à un tracteur, la machine est déplaçable de ferme en ferme, elle offre un confort d’utilisation inédit :

  1. Fonctionnement silencieux, sans poussière
  2. Système de pressage simple par vérin hydraulique (40 t de poussée)
  3. Respect du fourrage, sans perte de feuille

La taille des balles est de 1m de large, 80 cm de haut et 1,80m de long, pour un foin « classique », le poids de la balle est autour de 400 kg d’après les premiers essais. Chaque balle est liée non pas avec de la ficelle mais avec du fil de fer, recyclable. Même si ce poste représente un coût important, il permet de presser à haute densité le fourrage.

La presse à poste fixe proposé par Sacria présente pour moi un avantage majeur : contrairement à d’autres pratiques, la presse ne brise pas le fourrage et préserve la qualité alimentaire de mes fourrages.”

Bastien Christy, éleveur de 400 brebis laitières
Un service accessible et collectif

L’objectif est d’atteindre 800 tonnes pressées par an, avec un tarif autour de 25€/t tout compris. Le débit de chantier est de 4 t/h, un peu inférieur à celui d’une presse haute densité. Mais avec un coût d’investissement et un confort d’utilisation largement avantageux.


La presse doit être impérativement logé à l’intérieur pour préserver les organes sensibles de la machine et garantir sa durabilité dans le temps. Le groupe a pu compter sur un réseau de CUMA pour trouver des logements ponctuels ou durables selon les périodes.

Un levier pour la qualité et la durabilité

Au-delà de la machine, c’est bien un projet collectif qui est construit. Les échanges avec la FDCUMA de l’Aveyron et la CUMA des Foumerous ont permis d’éviter des écueils et d’optimiser l’organisation. La présence des fournisseurs et des adhérents lors de la mise en route à Garindein a souligné la dimension fédératrice du projet.

Pour les éleveurs, cette presse représente un outil de sécurisation du fourrage, améliorant sa conservation et sa valorisation. Elle contribue ainsi à la durabilité des systèmes d’élevage dans un contexte de récoltes souvent incertaines.

Des premiers retours concluants

A ce jour, une dizaine d’adhérents ont déjà eu l’occasion d’utiliser la presse sur leurs exploitations, avec des retours très encourageants.

« Pour une première utilisation, je suis satisfait de l’outil, même si j’ai encore des choses à apprendre. J’ai pu presser 30 tonnes en un peu moins de neuf heures, et tout cela sans poussière, et le résultat est concluant. »

Jean Petit, éleveur ovin à Artigueloutan, témoignage

Des débuts prometteurs, qui laisse entrevoir un fort potentiel de développement. D’autant plus que de nouveaux agriculteurs ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour rejoindre la dynamique et accéder au service de la presse.

Conclusion

De l’idée lancée dans la Vallée d’Aspe à la concrétisation sur le terrain, la presse à poste fixe de la CUMA Agricompost illustre toute la force du réseaux CUMA. Plus qu’un simple outils, c’est un investissement structurant au service des agriculteurs, de la qualité du foin et de la pérennité des élevages du territoire.