Le Shift Project relaie le plaidoyer mécanisation responsable du Réseau Cuma
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The Shift Project a publié hier son rapport pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère. Nous avons été ravis d'être parmi les contributeurs sur la brique efficacité et décarbonation énergétique. Le rapport mentionne également notre plaidoyer en faveur d'une mécanisation responsable de l'agriculture.
Le 28 novembre, Jean-Marc Jancovici a présenté, dans le cadre du Shift Project, son rapport « pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère ». Face à un secteur agricole français qu’il juge à bout de souffle, The Shift Project propose son analyse, les leviers possibles et trace plusieurs voies. Il consacre notamment un volet sur la mécanisation de la Ferme France, mentionnant le plaidoyer du Réseau Cuma et reprenant le nécessaire remodelage de la fiscalité des agroéquipements pour favoriser la mutualisation.
Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère
Le rapport revient sur l’analyse du système agricole contraint par des limites énergétiques, climatiques et écosystémiques, et appelle à une transformation du secteur.
Tous les leviers physiques de transformation doivent être déployés, et le rapport considère que les leviers d’optimisation ne suffiront pas et qu’il faudra une évolution conséquente des systèmes. Parmi les leviers jugés les plus efficaces : décarboner et faire évoluer les pratiques de fertilisation, réduire les émissions et accroître la résilience des systèmes d’élevage, réduire la demande énergétique et décarboner l’énergie utilisée, préserver la biodiversité, augmenter le stockage de carbone par l’agriculture, assurer la circularité des systèmes agricoles et le rebouclage des cycles biogéochimiques, et repenser les flux logistiques pour plus de résilience.
Transformer le système agricole d’ici 2050 implique de choisir entre plusieurs scénarios possibles et planifier :
1/ d’une meilleure autonomie agricole et alimentaire nationale,
2/ d’une moindre dépendance énergétique nationale,
3/ du maintien de capacités exportatrices.
Cet exercice a mis en évidence un besoin de pragmatisme et de compromis, d’où la construction d’un 4ème scénario dit “de conciliation”, fondé sur le respect d’objectifs climatiques et énergétiques, et surtout de résilience, proposant un arbitrage possible entre les différentes priorités stratégiques.
Les recommandations du rapport :
1- Au niveau national : clarifier le cap et accompagner les acteurs
2- Garantir la sécurité économique des agriculteurs
3- Anticiper les besoins en compétences, recherche et connaissances
4- Mobiliser les acteurs territoriaux (filières, collectivités)
5- Pour les agriculteurs, s’engager en agroécologie
Efficacité et décarbonation énergétique : l’enjeu machine
La FNCuma a été parmi les contributrices à ce travail conséquent en particulier sur le volet machines et énergie.
Le rapport partage le constat d’un parc de machines surdimensionné
« Si les tendances des aléas climatiques sont susceptibles de rendre pertinent la hausse du nombre de chevaux utiles par ha, cela ne se traduira pas forcément par une augmentation de la puissance des machines à l’achat. En effet, le parc de machines actuel est considéré comme surdimensionné par de nombreux acteurs (notamment des machines souvent trop puissantes par rapport aux besoins réels, ou une utilisation sous optimale du potentiel, soit en temps de travail par an, soit en puissance utile par rapport à la puissance disponible), en particulier en raison de la fiscalité agricole qui incite au surinvestissement les bonnes années afin de réduire l’assiette des résultats des exploitations imposable et soumise à cotisations sociales MSA (voir par exemple Plaidoyer pour une mécanisation responsable, durable et vivable de l’agriculture française porté par la FNCUMA). Une évolution de la fiscalité agricole et du mécanisme de cotisations semble en mesure de participer à améliorer cette situation ».
Le rapport considère la mutualisation comme un facteur de durabilité :
« La mutualisation et/ou le recours aux prestations sont des moyens de réduire l’empreinte GES du machinisme : ainsi une étude d’ACV réalisée en Italie illustre le poids de l’empreinte GES de la fabrication des machines dans le cycle de vie, et met en avant le fait que la mutualisation des machines qui sont les moins utilisées sur la ferme (en nombre d’heures par an) permet d’en améliorer le bilan carbone (en ACV). Cette mutualisation (via une CUMA, une ETA, etc.) est aussi un moyen de disposer de matériel récent et performant, potentiellement mieux utilisé (réglage, entretien…), etc. Cette mutualisation n’a évidemment de sens que pour du matériel sur lequel l’utilisation n’est pas trop simultanée, et pour du matériel dont l’obsolescence est plus liée à sa vétusté (âge de la machine) qu’à son nombre d’heures de fonctionnement. »
The Shift project aborde ensuite les incertitudes sur les évolutions du parc machine à horizon 2050 et liste plusieurs enjeux à prendre en compte pour estimer les besoins énergétiques liés à la mécanisation (ex : remembrement d’intérêt énergétique, questions organisationnelles etc.). Et conlue ce volet de la manière suivante :
« La perspective de décarbonation de 100 % des machines semble atteignable à horizon 2050, en particulier avec l’utilisation des biocarburants pour les usages qu’on ne sait pas électrifier ni passer au biogaz. Il faut cependant bien garder à l’esprit que des concurrences d’usage existent vis-à-vis des biocarburants. Cette transition du parc de machines agricoles nécessite une adaptation de l’appareil industriel de production, de rétrofit et de l’entretien des machines agricoles, et doit être appuyée par un effort de conseil et de formation pour une utilisation et un réglage optimal des machines, et une politique fiscale incitant à la décarbonation et au juste dimensionnement des machines. Le Shift Project pourra approfondir ces travaux sur le machinisme agricole dans des travaux ultérieurs. »
Pour la FNCuma, ce rapport peut utilement alimenter la proposition d’ouverture d’un chantier collectif sur la mécanisation de la Ferme France afin de construire un cap politique commun, à commencer par le volet fiscal pour lequel le Shift Project porte la même analyse que la FNCuma.