La filière noix bio prend racine en Lorraine : un pari collectif et durable

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Face aux défis économiques et climatiques, des agriculteurs lorrains réinventent leur modèle et créent une filière de noix bio en Lorraine. Le début d’une aventure collective à haute valeur ajoutée pour le territoire.

Le 17 octobre dernier, à Lisle-en-Barrois, c’est une petite révolution agricole qui s’est mise en marche. Sur les terres de Meuse, une nouvelle filière prend racine : celle de la noix bio en Lorraine, portée par le collectif Les Copains à la Noix. Derrière ce projet, une vision claire : bâtir une agriculture performante, durable et respectueuse de la qualité de l’eau, tout en offrant de nouvelles perspectives économiques aux exploitations locales.


Un collectif né d’une remise en question

L’histoire commence bien avant l’inauguration. Pour Alexandre Lang, nuciculteur et membre fondateur du collectif, le virage a été initié après une année difficile :

“On a eu une année très compliquée en 2016 et nous nous sommes dit que nous devions faire évoluer notre modèle. Cette évolution est passée par le choix de la noix. On est très heureux d’avoir avancé là-dessus. Produire des fruits en bio et dans un environnement naturel, nous sommes très contents de ça.”

Comme lui, plusieurs agriculteurs du territoire ont choisi de se regrouper pour mutualiser les moyens, échanger les pratiques et construire ensemble une filière complète, de la plantation à la commercialisation. L’appui d’un GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental) accompagné par la FRCUMA Grand Est a permis d’ancrer le projet dans la durée, en finançant du temps pour réfléchir, aller s’inspirer des installations qui existent déjà dans d’autres régions (Isère, Loir et cher etc.) et pays (Etats-Unis, Italie) et en fédérer des partenaires.


Une culture exigeante mais pleine d’avenir

Installer une noyeraie, c’est miser sur le temps long. Entre 150 et 208 arbres à l’hectare, il faut 7 à 8 ans avant la première récolte significative. Les arbres démarrent modestement : 500 g de noix par arbre, mais atteignent jusqu’à 20 kg à maturité.
L’investissement n’est pas anodin, environ 7 000 € par hectare, comprenant la plantation, la fertilisation, la protection contre les gibiers et l’entretien. Mais les producteurs voient plus loin que le court terme.

Car à pleine production, la culture devient rentable et crée de l’emploi local : 1 poste à temps plein pour 30 hectares. Surtout, elle s’inscrit dans un modèle agroécologique : pas d’irrigation systématique, respect des ressources, maintien des haies et de la biodiversité. 


Un modèle collectif et territorial

Ce projet de filière ne se résume pas à une simple diversification : il illustre une nouvelle façon de travailler ensemble. Les producteurs mutualisent leurs savoirs et leurs outils, mais aussi leur réflexion sur les débouchés et la transformation. Derrière les vergers, il y a une ambition : structurer une filière régionale de la noix bio, à haute valeur ajoutée, de la production à la commercialisation locale.L’initiative a séduit de nombreux partenaires publics : la Région Grand Est, l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse, l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, le GIP Objectif Meuse et l’Agence Bio ont apporté un soutien financier précieux. Tous partagent la même conviction : le développement agricole passe par l’innovation territoriale, par des projets qui conjuguent rentabilité, durabilité et cohésion locale.

Rachel Boutte-Laurent