Double engagement des coopérateurs, au-delà de l’économie

  • Collectif
  • Coopération
  • Renouvellement des générations
  • Témoignage
  • Vie coopérative

Publié le

Les Cuma, fondées sur un modèle coopératif, jouent un rôle clé dans l’organisation collective des agriculteurs.

mains blés

L’accompagnement des Cuma : entre gestion collective et propriété coopérative

Émilie CASTANG

Animatrice de Cuma à la FRCuma Bourgogne Franche-Comté

À travers le témoignage d’Émilie Castang, animatrice à la FRCuma Bourgogne Franche-Comté, cet encart met en lumière les spécificités de la gestion coopérative, où chaque agriculteur, à la fois usager et propriétaire, est invité à s’impliquer activement dans la gouvernance collective.

Les Coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) sont implantées sur une grande partie du territoire français, offrant des services essentiels à de nombreux exploitants agricoles. Pour accompagner les agriculteurs dans la gestion de leurs groupes, les Cuma se sont structurées en un réseau fédératif. Ce système, financé par des cotisations, a permis de recruter des animateurs-conseillers, essentiels à leur fonctionnement.

Les agriculteurs, tout en étant les propriétaires des coopératives, sont aussi les usagers de leurs services. Comme le rappelle David Hiez dans l’article précédent, cette « double qualité » est une spécificité des coopératives : les coopérateurs ne sont pas simplement des partenaires commerciaux, ils sont les propriétaires de la coopérative elle-même. Cela nécessite une implication active dans la gestion collective, loin des dynamiques capitalistes classiques. Ces aspects sont malheureusement survolés dans la formation initiale agricole.

Les agriculteurs sont donc initiés aux particularités des Cuma sur le terrain, lors de l’adhésion et de façon encore plus poussée lorsqu’ils font le choix de l’engagement en devenant administrateurs. Ils ont alors la possibilité de suivre un programme d’accompagnement ad hoc.

En tant que conseillère, ma première mission concerne souvent la gestion économique des Cuma. Ici, l’agriculteur doit penser quasiment à l’opposé de la gestion individuelle de son exploitation, en adoptant une vision collective. Au-delà des simples calculs de rentabilité, nous encourageons une réflexion sur les coûts, l’organisation du travail et la sécurité, pour que chaque Cuma définisse sa propre stratégie d’investissement collectif.

Le travail collectif en Cuma exige aussi tolérance et résilience, car il repose sur un socle de valeurs partagées, comme l’échange et la solidarité, souvent définies dans les statuts et les règlements intérieurs des coopératives.

Cette dynamique communautaire des Cuma se distingue des autres formes juridiques, comme le souligne David Hiez, puisque le sociétariat crée des liens forts entre les membres, qui doivent concilier les intérêts individuels et collectifs. Nous intervenons souvent pour animer des moments de co-construction, où il est crucial que tous les sociétaires s’accordent sur une ligne de conduite. Nous proposons aussi des formations aux coopérateurs, pour renforcer leurs compétences en gestion collective et leur permettre de mieux comprendre les mécanismes statutaires des Cuma. Enfin, nous

pouvons, parfois, jouer le rôle de médiateur lorsque des tensions internes ou externes à la Cuma apparaissent.

Chaque Cuma qui le souhaite peut également demander à bénéficier du DiNA Cuma (Dispositif National d’Accompagnement des Cuma). Cet outil permet à la Cuma de réaliser un état des lieux de son fonctionnement, de ses attentes et de ses perspectives en termes de renouvellement de matériel ou d’emploi, mais aussi, par exemple, de la prise en compte de l’agroécologie dans sa stratégie de développement. Ces journées permettent aux

sociétaires de s’interroger sur leur projet collectif à moyen et long terme et de travailler à un plan d’action.

Les besoins des agriculteurs évoluent et les outils dont ils disposent doivent s’adapter pour répondre au mieux à leurs attentes. Le cadre statutaire des Cuma limite les dérives de fonctionnement mais il est important à moyen terme de lui permettre d’évoluer pour assurer le maintien et l’attractivité de ces collectifs de proximité qui maintiennent le lien entre les exploitants d’un même secteur.

Cette interview a été réalisée dans le cadre de la rédaction des Cahiers du développement coopératif.

La Coopération Agricole publie avec la FNCuma, le 8ème numéro des Cahiers du développement coopératif, dans le contexte de l’Année Internationale des coopératives 2025.

Fruit d’un travail de rédaction commune, ce numéro met en avant les coopératives, le collectif, la solidarité du monde agricole et permet d’amener des pistes de travail et de réflexion sur l’avenir du modèle coopératif et ses nombreux défis.

Retrouvez le document complet

  • Article de fond
  • Références
  • Collectif
  • Coopération
  • Vie coopérative

Les Cahiers du développement coopératif

La Coopération Agricole publie avec la Fédération Nationale des Cuma le 8ème numéro des Cahiers du développement coopératif, dans le contexte de l’Année internationale des coopératives 2025 sur le thème du collectif.