Le réseau Cuma : un impact unique au service des groupes d’agricultrices et d’agriculteurs

En 1945, de manière simultanée à la création des Cuma, un réseau fédératif s’est créé progressivement pour diffuser le statut Cuma, et accompagner les projets de groupes d’agriculteurs et d’agricultrices qui souhaitaient créer des Cuma. Aujourd’hui, le réseau fédératif (54 fédérations) couvre l’intégralité du territoire et est présent à l’échelle départementale et régionale. Fédéré au…

Animation réseau Cuma année 80

Pas de Cuma sans réseau fédératif

La Cuma est avant tout un groupe de plusieurs agriculteurs et agricultrices qui choisissent de s’entraider et de partager ensemble des machines et de la main-d’œuvre. C’est donc un collectif de travail, autogestionnaire, qui a besoin d’apprendre à fonctionner ensemble.

La constitution d’un réseau fédératif a permis de doter les Cuma d’outils, de formations, et de règles juridiques spécifiques pour faciliter la gestion quotidienne de ces groupes, maintenir l’autogestion par les agriculteurs et agricultrices, et les accompagner dans leurs projets. L’éducation populaire est au cœur de ce réseau. Ce ne sont pas des conseillers mais près de 350 animateurs et animatrices qui aident les groupes à faire émerger par eux-mêmes les conditions de réussite pour bien travailler ensemble. L’émancipation des agricultrices et agriculteurs est au cœur des valeurs “cumistes”.
Comme le démontre la sociologue Véronique Lucas (1), le réseau fédératif ne se limite pas à de la structuration administrative. Il est le socle d’un apprentissage croisé, d’un transfert d’expérience, et d’un outillage commun qui rend les pratiques collectives reproductibles à l’échelle nationale, malgré la diversité des contextes. Sans cette circulation inter-régionale de savoir-faire, la montée en puissance des Cuma aurait été localement circonscrite et hétérogène.

La Cuma est donc un objet coopératif singulier, qui n’a pas d’équivalent dans d’autres secteurs. Les Cuma s’implantent durablement en France au moment où un réseau fédératif se structure dans les années 1960. A la différence d’autres formes coopératives, les autres pays ayant tenté d’implanter le modèle Cuma, comme le démontre la sociologue Véronique Lucas, ont échoué faute de mettre en place cette architecture fédérative (ex : Belgique, Espagne, Italie). Les Cuma sont des dynamiques qui s’accompagnent.

Cuma Extrait du journal Le Sol  1951
La construction du réseau fédératif Cuma au fil du temps.
Liste des fédérations et unions de Cuma en 1951 – Extrait du journal Le Sol 1951

100% de ce qui embête les collectifs d’agriculteurs et d’agricultrices est réalisé par les fédérations

Avec 10% de Cuma employeuses, la grande majorité des Cuma ne s’appuie que sur le bénévolat des agriculteurs et des agricultrices pour fonctionner. Aussi le rôle des fédérations est de leur simplifier la vie au maximum. Les fédérations réalisent l’ensemble des formalités administratives des Cuma :

– organisation des assemblées générales ;
– création, modification au cours de la vie sociale, dissolution, liquidation des Cuma incluant les formalités auprès du guichet unique des entreprises, des greffes et du Haut Conseil de la Coopération Agricole (HCCA) ;
– montage des dossiers d’aide aux investissements matériels

Ce fonctionnement “intégré” doit souvent faire l’objet d’une reconnaissance spécifique auprès des pouvoirs publics (ex : guichet unique, INPI etc.) car peu de réseaux fédératifs réalisent l’ensemble des formalités administratives pour leurs structures membres. Le réseau fédératif a ainsi créé également des outils informatiques et comptables adaptés aux Cuma pour faciliter leur gestion spécifique.

Cette organisation permet de simplifier au maximum la vie des agricultrices et agriculteurs en Cuma.

Un réseau au service d’une mécanisation responsable et du développement agricole

Le réseau fédératif collecte de nombreuses données via la comptabilité des Cuma. Ces données sont mises à disposition des agricultrices, agriculteurs et des Cuma dans le choix de leur stratégie de mécanisation. Ainsi, le réseau édite, par grands territoires, des guides prix de revient. Ces guides sont destinés à mettre à disposition des informations techniques sur les matériels en Cuma, les prix d’achat, les coûts et volumes d’utilisation et des commentaires des experts en machinisme. Ces guides permettent d’avoir des repères pour simuler les projets d’investissement. Ils fournissent un conseil technico économique de qualité.

Avec 70 conseillers agroéquipements, le réseau Cuma constitue un des derniers réseaux qui dispense un conseil en machinisme indépendant. Sur la base de l’ensemble de ces références, le réseau Cuma a créé un diagnostic mécanisation (Mécagest), permettant d’étudier les charges de mécanisation d’une exploitation agricole pour les optimiser.


Le réseau Cuma est reconnu en tant qu’Organisme National à Vocation Agricole et Rural (ONVAR) par le Ministère de l’agriculture. Développement de l’emploi, accompagnement à l’émergence de projets en lien avec l’énergie, baisse des intrants et changement de pratiques, renouvellement des générations en agriculture, projets territoriaux solidaires, sont autant d’enjeux qu’accompagne le réseau Cuma et sur lesquels les Cuma s’engagent.

Parce qu’apprendre à travailler ensemble avec les machines, donne souvent envie d’aller plus loin dans les projets collectifs, la Cuma est un levier de transformation agricole. A titre d’exemple, la création des GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental) s’est appuyé sur le réseau Cuma pour se mettre en place. Le réseau Cuma est aussi à l’initiative de la création d’un service civique agricole dans la dernière loi d’orientation.

Un partenaire des pouvoirs publics au service des grands défis agricoles

Au niveau national, régional et départemental, le réseau Cuma est un partenaire des pouvoirs publics dans le déploiement de solutions face aux grands défis agricoles. 

Il permet de maximiser l’impact des politiques publiques puisqu’un euro d’argent public investi dans une Cuma permet de toucher en moyenne 24 agricultrices et agriculteurs, soit un effet démultiplié face à un soutien individuel. Cet euro investi se fait également au service de l’économie sociale et solidaire, puisqu’en tant que coopérative, la Cuma n’a pas de but lucratif, rend ses services à prix coûtant, n’est pas délocalisable, et favorise le maintien d’un tissu social agricole vivant.

Exemple de l’impact d’un dispositif d’aide aux Cuma :  l’aide à l’investissement immatériel (DiNA Cuma)

cochée Une aide au conseil stratégique, dispensée par les fédérations de Cuma, sur le modèle du Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) créée en 2016 ;
cochée Une enveloppe annuelle de 1,5 M€ pour 600 Cuma accompagnées par an ;
cochée A travers les Cuma, ce dispositif a accompagné plus de 73 000 agriculteurs et agricultrices ;

= Un accompagnement stratégique impactant, sur 10 ans : 
cochée 700 emplois partagés créés dans les Cuma ;
cochée plus de 30% des accompagnements ont débouché sur des investissements ou un changement de pratiques en lien avec la transition agroécologique.

Pour contacter la fédération de Cuma la plus proche de chez vous : rendez-vous ici

(1)  LUCAS V. 2025 (à paraître). Une particularité française : les CUMA (Coopératives d’utilisation de matériel agricole). In Aguiton S.A., Brunier S., Kotras B., Pessis C., Pinaud S. (Eds.), Comment les machines ont pris la terre. Enquêtes sur la mécanisation de l’agriculture et ses conséquences, Editions de l’ENS

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